Interview de Danièle Mondino : 38 ans au service de SOLIHA Provence
Qui êtes-vous ?
Je suis Danièle Mondino, conseillère en économie sociale et familiale de formation. Je suis entrée à SOLIHA Provence en 1986, anciennement PACT-ARIM (Protection, Amélioration, Conservation, Transformation de l’habitat, Association de Restauration immobilière) et ensuite PACT en 2008.
J’ai démarré à temps partiel sur ce qui était les prémices des ASELL, des mesures d’accompagnement social liées à l’habitat auprès des familles que nous identifions à l’époque comme étant issues du « quart-monde » : des familles extrêmement démunies qui avaient des difficultés à s’insérer car elles vivaient auparavant dans des bidonvilles. L’objectif était de réaliser un accompagnement social pour qu’elles puissent se maintenir dans un logement décent.
Au fil du temps, mon poste a évolué. Il y a eu des embauches, et s’est structuré un service. En 1994, j’ai pris la responsabilité de ce qui allait devenir le pôle accompagnement des personnes, que nous appelions auparavant le « pôle social ».
Dans un premier temps, c’était essentiellement des mesures individuelles d’ASELL. Par la suite, nous avons développé des actions collectives initiées par la sortie de la loi Besson le 31 mai 1990 sur le droit au logement. J’ai assisté à la création des premiers plans départementaux (PDLPD) qui permettaient d’avoir une orientation sur 5 ans de la politique du logement pour les plus démunis, et également à la création du FSL (fonds solidarité du logement).
C’est à ce titre que les ASELL ont été réintégrées dans ces dispositifs et qu’il a aussi été créé des mesures d’actions collectives. J’étais très intéressée par le côté collectif et à l’attention de tout ce qui se passait dans les cités HLM notamment dans les quartiers nord de Marseille, mais également sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône.
Nous avons donc développé des actions sociales collectives, des maîtrises d’œuvre sociale (MOS) : les organismes HLM sollicitaient des financements pour qu’il y ait un accompagnement social global pour aider les familles lors des réhabilitations.
Nous avons aussi développé les maîtrises d’œuvre urbaines et sociales (MOUS), « Les MOUS c’est l’affaire de tous ». Avec une spécificité, des financements de l’Etat et des collectivités sur les grosses opérations d’accompagnement au relogement. Cela a préfiguré l’organisation de ce pôle social qui ensuite comptait 4 services : Accompagnement Social individuel, l’ASC (action sociales collectives), ISU (Ingénierie Sociale Urbaine), AGCAL (accompagnement global coordonné autour du logement).
Devenir administratrice
J’ai passé 33 ans à SOLIHA, j’ai connu 3 présidents, 3 directeurs, des évolutions incroyables, un nombre de salariés du pôle de 0 à 60. Une fois à la retraite, j’étais nouvellement grand-mère, je voulais profiter un peu de la vie et de ma famille.
Et puis Philippe Oliviero (président de SOLIHA Provence) et Jean-Jacques Haffreingue (directeur général de SOLIHA Provence de 2003 à 2023) m’ont proposé de rentrer au conseil d’administration, j’ai accepté volontiers. C’est une structure que j’ai toujours connue, dont le projet social m’intéressait depuis le départ.
J’ai un attachement particulier à la fois aux personnes et aussi à l’objet. SOLIHA Provence, c’est une association loi 1901, qui est indépendante de tout mouvement politique ou religieux, ouverte à tous, dans le respect des personnes, et ceux sont des valeurs qui me parlaient et me parlent toujours.
Un événement marquant ?
C’est difficile de n’en garder qu’un en plus de 30 ans de carrière !
J’ai deux événements vraiment marquants, qui sont liés à deux catastrophes, deux opérations qui ont mobilisé SOLIHA.
Le premier, c’est les inondations d’Arles en 2003, avec une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale pour les relogements des sinistrés. Nous avions déjà développé des MOUS mais intervenir en urgence comme ça, nous ne l’avions jamais fait. J’étais en charge de l’organisation des équipes, nous avons travaillé pendant un an et demi avec la mobilisation des hôtels, des mobil-home pour reloger les familles… il n’y a pas eu de décès, bien heureusement, mais cela a été une grosse opération.
La deuxième, c’était un an avant que je parte à la retraite : l’opération du relogement de la rue d’Aubagne. Il fallait intervenir en urgence à nouveau, dans un premier temps bénévolement, en détachant du personnel, nous nous sommes rendus sur place le jour de la catastrophe pour accueillir en mairie les personnes évacuées dans l’urgence. Par la suite nous avons été missionnés pour réaliser une MOUS relogement. La collectivité nous avait mis à disposition un immeuble en bas de la Cannebière, rue Beauvau, nous avons énormément travaillé en situation d’urgence. Nous avons mis en place une cellule avec une équipe opérationnelle en détachement pendant un an.
Depuis toujours, la thématique de l’habitat, du logement et l’insertion des ménages dans leur logement, font sens pour moi.
C’est aussi pourquoi je suis devenue présidente de l’entreprise d’insertion de SOLIHA Provence, Bâtitruck.